Tests logiciels : les métiers et le numérique dynamisent le secteur

Le marché français des tests logiciels pèse plus de 5 Md€. Le secteur affiche une croissance de 3,5% alimentée par la montée du numérique et de la mobilité. Les métiers y jouent désormais un rôle clé.

Les tests logiciels ne sont plus le parent pauvre du développement. Et la mutation des modèles d’affaire de l’industrie vers le numérique y est pour quelque chose. C’est une des conclusions que nous aurions pu tirer lors de la 8e journée française des tests logiciels qui s’est tenue ce jour à Montrouge. Un événement qui a d’abord atteint une forme de maturité avec 900 inscrits et quelques 35 sponsors, première illustration d’un secteur qui monte en puissance.

La seconde réside bien dans les chiffres. La France est entrée dans le top 10 des pays ayant le plus de testeurs certifiés ISTQB (la référence du secteur) avec 8 000 personnes (500 000 dans le monde), assure Eric Riou du Cosquer, président du Comité français des tests logiciels, en ouverture de l’événement.

Mais surtout, ce nombre de certifiés français, s’il illustre le dynamisme du secteur, traduit aussi sa croissance. En 2016, le secteur des tests logiciels en France devrait peser 5,3 milliards d’euros et compter pour 6% de la dépense IT dans l’Hexagone. « Cela est devenu un poste très important dans les budgets des entreprises », constate Arnold Aumasson du cabinet d’analyste Pierre Audoin Consultant (Groupe CXP). Même si le secteur connait une forte pression sur les prix. « Le marché en volume est plus élevé avec une phase importante d’industrialisation, ce qui a eu une pression sur les coût », explique-t-il.

Le numérique, conduit par les métiers, comme fil conducteur

Cet appétit pour le numérique par l’ensemble de l’industrie a ainsi contribué à alimenter la croissance du secteur.  Entrainant du coup dans son sillage une légère mutation du segment des tests.

« Les DSI étaient classiquement maîtres des tests », résume ainsi  Rémi Caudwell qui dirige les activités testing et QA Service Line de Sogeti. Mais aujourd’hui, parce les métiers « se sont emparés du digital », ils ont également pris une (grande) partie des budgets. En résulte par exemple « une disparition des centres d’expertise de tests, ajoute-t-il. Expertise dispersée désormais chez les métiers.

Un point que partage Arnold Aumasson qui a assisté à une montée en puissance du numérique (Mobile, Cloud, data) dans ce qui pousse les entreprises vers les tests. Devant la qualité (seconde priorité) et la sécurité (n°3).

Au-delà de la structuration des tests en entreprises, l’influence des métiers sur le secteur est également illustrée par les typologies de tests appliquées. En ligne de mire : la parcours utilisateur et l’interface. « Aujourd’hui, les entreprises placent leur cœur de business dans les apps », explique à son tour Nathalie Bouille, Global Account Manager, chez Dynatrace, un spécialiste du secteur. Pour elle, il est donc logique d’attacher un soin tout particulier à corriger les défauts d’une app qui est en frontal avec le client. La banque, les compagnies d’assurance et le retail, dans leur vaste stratégie de transition vers des modèles de services numériques, y sont fortement exposés, résume-t-elle en substance. Surtout, avec la mobilité, et la complexité grandissante des infrastructures (cloud, hybrides,…), la tâche devient de plus en plus ardue.

« Ce qui compte : l’utilisateur doit pouvoir utiliser son service dans un temps raisonnable », ajoute Rémi Caudwell (Sogeti). Alors qu’auparavant, la disponibilité des serveurs étaient justement un critère qu’il fallait « écouter » dans les tests, ce n’est aujourd’hui plus une priorité – et d’une façon globale, les couches techniques. Désormais, « on remonte les exigences à partir du client final. »

Dans ce contexte, les méthodes et l’outillage s’adaptent. La rapidité de mise à jour des apps, selon un cycle continu, implique aussi une accélération des méthodes de correction et des tests. « Auparavant, soutient Rémi Caudwell, on notait beaucoup de démarches manuelles, et une faible automatisation. Aujourd’hui, on attend un ROI rapide ». Et cela implique une montée en puissance des procédures automatisées. Selon lui, 80% des tests sont aujourd’hui automatisés. « Il faut être capable d’exécuter une campagne de tests en une nuit et de récupérer ces tests dans un outil d’ALM », ajoute-t-il, soulignant que les outils se sont adaptés à cette nouvelle donne.

Les plateformes Cloud, avec leur agilité inhérente, y ont donc bien leur carte à jouer. Ce que Neotys et la société française CloudNetCare mettait par exemple en avant lors de cet événement.

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